C’est officiel. Maria Grazia Chiuri prend la tête de la création chez Fendi, signant l’un des mouvements les plus commentés de la mode récente.
Après neuf années à moderniser l’allure de Dior, la créatrice italienne revient à Rome pour écrire un nouveau chapitre dans la maison fondée en 1925. Sa première collection est annoncée pour février durant la Fashion Week de Milan, un rendez-vous déjà très attendu par l’industrie.
Un parcours d’exception, de Fendi à Dior, puis retour aux sources
Avant Dior, Maria Grazia Chiuri a fait ses armes chez Fendi à la fin des années 1980, notamment sur les accessoires, où elle participe à l’essor d’icônes comme la Baguette aux côtés de l’équipe maison.
Elle co-dirigera ensuite Valentino avec Pierpaolo Piccioli, avant d’être la première femme nommée à la direction artistique des collections féminines de Dior en 2016. Son départ du 30 avenue Montaigne a été confirmé au printemps 2025, clôturant une période marquée par des collections à la fois commerciales et culturelles.
Pourquoi Fendi, pourquoi maintenant ?
En 2025, Fendi entre dans une nouvelle phase. Silvia Venturini Fendi, gardienne de l’héritage familial et virtuose du cuir, passe le témoin créatif tout en conservant une place honorifique. LVMH acte alors une décision stratégique claire.
Confier la vision globale à une créatrice capable d’articuler héritage romain, désir contemporain et excellence d’atelier. Le retour de Maria Grazia Chiuri est perçu comme un mouvement à la fois émotionnel et rationnel. Emotionnel, parce qu’il s’agit d’un retour à la maison. Rationnel, car son sens de la narration et de la désirabilité a déjà fait ses preuves sur le plan business.
Une vision annoncée: héritage romain et modernité inclusive
La force de Maria Grazia Chiuri tient à sa capacité à relire l’ADN d’une maison à travers une écriture claire. Chez Fendi, cela signifie plusieurs axes. Mettre en scène la romanité et l’esprit artisanal du Palazzo della Civiltà Italiana. Réaffirmer la supériorité technique du cuir et de la fourrure responsable, des Selleria au prêt-à-porter.
Amplifier la conversation avec les publics féminins à travers des collections porteuses de sens, sans lourdeur de message. Dans la pratique, cela se traduit par des silhouettes fluides, des matières sensuelles, des accessoires à forte identité et une communication culturelle soignée. Les observateurs attendent une synthèse entre le goût de la créatrice pour les références historiques et la grammaire ultra contemporaine de Fendi.
Les défis créatifs et business qui l’attendent
Prendre la direction de Fendi implique de résoudre une équation exigeante. Conserver la signature sculpturale et architecturée de la maison tout en injectant un supplément d’âme romantique. Rester leader sur la maroquinerie en densifiant l’icône et en créant la prochaine. Baguette, Peekaboo et Fendi First ont structuré les dernières années. Il faudra désormais orchestrer la rotation des best-sellers et préparer la relève.
À cela s’ajoutent les priorités transverses du luxe d’aujourd’hui. Traçabilité, durabilité, excellence logistique et conversation digitale crédible. Autant d’axes sur lesquels Maria Grazia Chiuri a déjà prouvé son efficacité.
Ce que l’on peut attendre des premiers défilés
Le calendrier annonce une première prise de parole dès février à Milan. Les paris vont bon train. Un retour aux armoiries romaines, une mise en valeur du savoir-faire Selleria, des capes et drapés à la romaine, une garde-robe jour soir pragmatique et désirable. Côté accessoires, on peut imaginer des variations fines autour des sacs pilier, un travail d’ornement mesuré et de nouvelles signatures modulaires pensées pour les usages réels.
La haute couture, terrain moins visible chez Fendi que le prêt-à-porter et la fourrure, pourrait bénéficier d’un regard narratif plus appuyé, dans l’esprit des scénographies qui ont marqué la période Dior de la créatrice. Les médias spécialisés parlent déjà d’un moment charnière pour la maison.
Un leadership créatif au féminin qui compte
En devenant directrice créative Fendi, Maria Grazia Chiuri demeure l’une des rares femmes à la tête d’une grande maison européenne. Son approche, souvent teintée d’une lecture féministe du vêtement et de la scène, a contribué à élargir la conversation de la mode. Chez Fendi, cette dimension pourrait se traduire par des collaborations culturelles, des commandes artistiques et une place accrue donnée aux artisanes et ateliers. La mode y gagne en profondeur de récit et en diversité de points de vue.
Impact attendu sur l’image et le business
La nomination d’une star créative a un double effet. Narratif et économique. Narratif, car elle crée un momentum qui stimule la désirabilité et la presse, attirant de nouveaux publics vers la maison Fendi. Économique, parce qu’une vision claire permet de simplifier l’offre, d’optimiser les familles de produits et d’ancrer les prix sur un storytelling robuste.
Dans un marché qui se normalise après des années d’euphorie, la précision éditoriale de Maria Grazia Chiuri peut devenir un avantage compétitif. Les analystes s’attendent à une montée en puissance progressive, avec un premier impact mesurable à partir des collections livrées fin 2026.
Ce que cette nomination dit de l’époque
La circulation des talents s’accélère. Les maisons cherchent des directeurs capables d’embrasser simultanément culture, produit et communauté. Le retour de Maria Grazia Chiuri chez Fendi illustre une autre tendance. Les retours aux sources, quand ils sont sincères et stratégiques, peuvent générer des chapitres créatifs denses.
En reconnectant la créatrice à son premier terrain de jeu, la maison se donne une chance d’écrire une saison forte, nourrie d’intime autant que de savoir-faire.
Maria Grazia Chiuri
La nomination de Maria Grazia Chiuri comme directrice créative Fendi promet un dialogue fertile entre patrimoine romain et modernité éclairée. À l’horizon février, l’industrie scrutera un défilé qui pourrait installer les codes d’une ère nouvelle.
Entre héroïnes contemporaines, accessoires désirables et excellence d’atelier, Fendi s’offre une voix singulière pour raconter le luxe qui compte aujourd’hui.
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