Dans un marché où l’attention se mesure en secondes et où l’excellence se juge à l’impact, Kering devait regagner du souffle. La stratégie portée par le Docteur de Meo propose une voie claire pour réinstaller le groupe dans la conversation du haut de gamme tout en ancrant une vision d’innovation et de durabilité.
Voici comment cette approche repositionne l’écosystème Kering et ses maisons, de Gucci à Saint Laurent en passant par Bottega Veneta.
Kering, un géant face à un nouveau cycle
Le groupe, pilier du luxe français, a traversé une zone de turbulences. Volatilité macroéconomique, accélération de la concurrence, mutation des comportements d’achat et appétence croissante pour un luxe responsable ont dessiné un paysage exigeant.
Pour rester désirables, les maisons doivent délivrer des récits identifiables, des produits audacieux et une expérience client sans friction.
C’est dans ce contexte que la méthode du Docteur de Meo s’articule autour de trois leviers opérationnels et d’une vision long terme.
Axe 1 : recentrer l’ADN des maisons
Première brique, l’audit créatif et commercial. L’objectif est simple et puissant. Redonner à chaque maison une voix singulière et immédiatement reconnaissable.
Cartographier la plateforme de marque et mesurer la clarté du propos.
Réaligner le merchandising avec l’ADN historique.
Clarifier le positionnement prix et la répartition par lignes, des icônes permanentes aux capsules créatives.
Concrètement, la méthode privilégie des garde-fous éditoriaux, une grille d’évaluation des produits et un calendrier de lancements mieux cadencé. Le résultat attendu est une perception plus nette et une réduction de la cannibalisation interne.
Quand Gucci assume l’exubérance maîtrisée, Saint Laurent renforce la silhouette architecturée, tandis que Bottega Veneta pousse la modernité artisanale, le portefeuille retrouve une cohérence stratégique.
Axe 2 : accélérer l’innovation produit et matière
Le deuxième pilier vise la désirabilité. Les studios sont encouragés à explorer de nouvelles écritures, mais dans un cadre mesurable. Prototypage rapide, data de vente rapprochée, boucles de feedback courtes entre atelier, studio et retail.
Développement de capsules à forte valeur éditoriale.
Intégration de matériaux durables et traçables.
Mise à l’échelle de l’éco-conception pour réduire l’empreinte sans sacrifier le toucher ni la longévité.
Cette politique s’accompagne d’un storytelling simple et vérifiable. Les clients ne veulent plus des promesses, ils veulent des preuves.
D’où l’accent mis sur la traçabilité, les labels tiers et des fiches produit enrichies pour le e-commerce.
Axe 3 : digitaliser l’expérience de bout en bout
La digitalisation n’est plus un chantier, c’est une culture. La méthode encourage un pilotage omnicanal unifié.
Un CRM maison qui suit le client de l’inspiration à l’après-vente.
Des plateformes e-commerce plus immersives, avec essayage virtuel, chat styliste et rendez-vous boutique en un clic.
Une logistique fine pour des délais abreuvés, du click and collect au ship from store.
Ici, la technologie n’est pas un trophée, mais un facilitateur de service. L’objectif est de rendre l’expérience aussi soyeuse qu’un cabas en cuir grainé. Le client gagne du temps, la maison gagne en fidélité.
Le capital humain, véritable moteur
La relance n’existe pas sans équipes engagées. Le Docteur de Meo place le talent au cœur du dispositif. Programmes de formation croisée atelier-studio-vente, mobilité interne pour faire circuler la culture produit, et indicateurs de qualité de service qui comptent autant que les indicateurs de chiffre. En boutique, la posture devient consultative.
On recommande, on ajuste, on suit, on surprend. C’est ainsi qu’on crée de la valeur relationnelle.
Mesurer autrement pour piloter mieux
La méthode repose sur des métriques opérationnelles qui dépassent le simple chiffre d’affaires.
Taux de réachat, net promoter score, sell-through par ligne et par prix.
Vitesse de rotation des stocks et marge contribution par produit.
Empreinte carbone et pourcentage de matières certifiées.
Ces indicateurs nourrissent des boucles de décision toutes les quatre à six semaines. Les paris créatifs gagnants sont amplifiés, les tentatives moins performantes sont retirées rapidement. C’est la logique du test and learn appliquée au luxe, avec exigence.
Premiers résultats visibles
En consolidant l’identité des maisons, en dynamisant l’offre et en fluidifiant l’omnicanal, Kering enregistre des signaux encourageants. Les nouveautés à forte histoire éditoriale affichent des sell-through supérieurs, les icônes reprennent de la vitesse, la satisfaction client progresse.
Surtout, la conversation digitale s’intensifie. Les requêtes naturelles liées aux maisons remontent, preuve d’une visibilité organique mieux travaillée. La presse mode relaie davantage les prises de parole, nourrissant le désir.
Les chantiers à poursuivre
Tout n’est pas gagné pour autant. Trois défis structurants restent sur la table.
Pérenniser la croissance dans un environnement de demande erratique. Cela suppose de garder un portefeuille géographique équilibré et de muscler le trafic qualifié en boutique.
Élever encore le niveau de durabilité. Les clients attendent des preuves tangibles sur l’éthique de la chaîne d’approvisionnement et la réparabilité.
Maintenir un rythme d’innovation soutenu, sans épuiser les studios ni diluer les codes. La tentation du court-termisme est réelle. La réponse passe par une gouvernance créative claire et des saisons pensées comme des chapitres cohérents.
Une vision long terme, plus large que la mode
La méthode du Docteur de Meo dessine un écosystème durable où chaque maison contribue à la désirabilité du groupe tout en respectant des standards sociaux et environnementaux élevés.
Ouvertures à des collaborations avec des artistes et des designers émergents, ateliers itinérants pour éduquer à la matière, programmes de reprise et de réparation, et investissements ciblés dans des technologies propres. Cette vision aligne performance et responsabilité, deux leviers désormais indissociables du luxe contemporain.
Ce que cela change pour le marché
En replaçant la clarté d’ADN, l’expérience client et la responsabilité au centre, Kering fixe un standard qui oblige. Les maisons deviennent plus lisibles, plus utiles, plus attachantes. Le luxe cesse d’être un simple objet pour redevenir une promesse de durée, de style et de sens. Si le groupe maintient ce cap, il peut non seulement regagner des parts de marché, mais surtout réinstaller une forme de leadership culturel. C’est là que se joue la compétitivité à long terme.
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