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La maison Hermès ouvre un nouveau chapitre en confiant la direction artistique du prêt-à-porter homme à Grace Wales Bonner, à la suite du départ de Véronique Nichanian après près de quatre décennies de création.
À 35 ans, la fondatrice de la griffe éponyme signe l’une des nominations les plus observées de la mode masculine.
Sa première collection Hermès homme est attendue pour janvier 2027 à Paris, un calendrier qui souligne la volonté de la maison de préserver son tempo long et son exigence artisanale.
Un parcours façonné par l’exigence et la culture
Diplômée de Central Saint Martins, Grace Wales Bonner s’est imposée dès 2014 avec une ligne masculine qui conjugue rigueur tailleur, recherche culturelle et dialogues avec les arts. Son vocabulaire esthétique, nourri de références à la diaspora africaine et de collaborations remarquées, a installé une signature à la fois cérébrale et sensuelle.
Son ascension a été saluée par de nombreux prix et par une visibilité internationale rare pour une marque encore jeune, faisant d’elle une candidate naturelle à la direction d’un grand nom du luxe.
Le legs de Véronique Nichanian, une boussole pour demain
Arrivée en 1988, Véronique Nichanian a défini une élégance fonctionnelle et tactile, ancrée dans l’artisanat et le confort du quotidien. Son départ, annoncé mi-octobre, marquera la fin d’une ère dont les codes demeurent une boussole pour la maison.
Sa dernière collection est prévue pour janvier 2026, avant le passage de témoin vers Grace Wales Bonner.
Ce phasage sur plusieurs saisons illustre l’approche singulière d’Hermès en matière de direction artistique, fondée sur la continuité plutôt que la rupture.
Une vision créative alignée sur l’ADN Hermès
L’arrivée de Grace Wales Bonner ne promet pas un choc esthétique, mais une élévation progressive. Son goût pour les textiles nobles, la construction tailleur et la narration culturelle se marie avec la grammaire Hermès faite de matières d’exception, de couleurs raffinées et de détails pensés pour l’usage. La créatrice a souvent travaillé la notion d’intemporalité revisitée, un angle qui résonne avec la philosophie de la maison.
Ce choix stratégique consolide la désirabilité auprès du cœur de clientèle tout en créant des points d’entrée pour une audience plus jeune, sensible aux récits ancrés et à une mode masculine expressive.
Entre tradition et modernité, une feuille de route lisible
La priorité est double. D’un côté, préserver la qualité d’exécution qui fait la réputation d’Hermès et qui commence par les matières, la coupe et la fonctionnalité du vêtement.
De l’autre, injecter une lecture contemporaine de la masculinité avec des volumes ajustés, des jeux de textures et un vocabulaire culturel subtil.
Les précédentes collections de Wales Bonner ont montré sa capacité à faire dialoguer héritage et modernité, du vestiaire tailoring aux références sportives intelligentement réinterprétées.
Ce savoir-faire est pertinent pour des catégories clés du vestiaire Hermès homme, du manteau au knitwear, en passant par la chemise d’atelier et les accessoires textiles.
Un enjeu de rythme et d’écosystème maison
Le calendrier annoncé laisse près d’un an et demi avant le premier défilé Hermès homme signé Grace Wales Bonner. Ce temps long permettra d’intégrer les ateliers, d’expérimenter les matières, d’affiner les silhouettes et de calibrer l’écosystème image, retail et digital.
À rebours des cycles frénétiques, Hermès privilégie la maturation des idées, une constance qui a historiquement favorisé des directions créatives de longue durée. Cette logique de temps choisi est cohérente avec l’exigence d’une marque de luxe où chaque détail doit sembler évident, jamais forcé.
Attentes du marché et réception de l’industrie
Du côté des professionnels, la nomination est saluée pour son intelligence stratégique. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de renouvellement des directions créatives tout en conservant l’identité des maisons. Les observateurs attendent une évolution par strates plutôt qu’un virage radical, avec un accent sur la qualité narrative et la pertinence d’usage.
Pour la clientèle, l’enjeu réside dans la capacité à proposer des pièces immédiatement désirables, mais résistantes au temps, une signature que Hermès maîtrise et que Wales Bonner sait traduire avec tact.
Les marqueurs stylistiques à surveiller
Plusieurs marqueurs pourraient dessiner la nouvelle ligne masculine Hermès. Le tailoring, qu’il soit souple ou architecturé, reste central. Les mailles, territoire d’excellence maison, peuvent accueillir des points et motifs subtils. Les jeux de contrastes culturels, signature de Wales Bonner, devraient s’exprimer avec parcimonie dans la palette, les textures et la mise à l’échelle des détails.
Enfin, la relation entre vêtement et mouvement, chère à Hermès, peut trouver un écho dans un vestiaire pensé pour la ville, le voyage et les usages hybrides.
Une nomination qui parle au-delà de la mode
Le choix de Grace Wales Bonner porte une portée symbolique forte. Il consacre une créatrice dont le travail tisse des liens entre identités, arts et histoire, et confirme la capacité d’Hermès à dialoguer avec son époque sans céder à l’air du temps.
Dans un marché où la singularité s’exprime autant par la coupe que par le récit, cette alliance promet un langage de la nuance et de la précision, fidèle à l’esprit de la maison et ouvert sur de nouvelles conversations.
Grace Wales Bonner
En confiant l’homme à Grace Wales Bonner, Hermès soigne la continuité et prépare le futur. Le passage de relais avec Véronique Nichanian s’organise sur un temps maîtrisé, garant d’une transition sereine.
À l’horizon de janvier 2027, les attentes sont élevées, mais le terrain est propice à une écriture qui conjugue patrimoine, sens et désir.
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