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En investissant environ 3 milliards d’euros pour une prise de participation proche de 3 pour cent au capital d’EssilorLuxottica, Meta envoie un signal fort. Le pari est clair. Consolider une position de leader sur les lunettes connectées tout en accélérant l’industrialisation d’un objet du quotidien devenu interface intelligente. L’opération s’appuie sur une collaboration déjà fructueuse autour des Ray-Ban Meta et vise un déploiement à grande échelle, depuis le design jusqu’à la distribution mondiale.
Pourquoi cet investissement maintenant ?
Le calendrier n’a rien d’un hasard. Après plusieurs itérations, les Ray-Ban Meta ont trouvé leur public et installé un usage simple. Filmer, appeler, écouter, déclencher un assistant vocal, publier en mobilité. Les ventes cumulées ont dépassé le cap des deux millions d’unités depuis la fin 2023, preuve d’un appétit réel pour des wearables qui ressemblent à de vraies lunettes. En consolidant sa place chez EssilorLuxottica, Meta sécurise un accès privilégié au meilleur de l’optique, du style et des réseaux retail de marques comme Ray-Ban et Oakley.
Ce que finance Meta côté produit
L’enjeu porte sur une génération de lunettes connectées plus ambitieuses. Caméras et microphones mieux intégrés, verres correcteurs compatibles au premier montage, autonomie optimisée, captation stabilisée pour un contenu social immédiat. Le tout dans des silhouettes plus variées, du rectangle iconique aux montures sportives d’Oakley. L’intégration fine entre matériel, logiciel et intelligence artificielle de conversation deviendra la vraie signature. Demain, l’utilisateur cherchera un guidage contextuel, des résumés audio instantanés, une traduction chuchotée ou des suggestions visuelles discrètes. L’avance se jouera sur la sensation de naturel autant que sur la fiche technique.
Synergies design, fabrication et distribution

Marketing ciblé et récit de marque
Côté communication, la force du duo tiendra dans un storytelling mêlant design, utilité quotidienne et culture pop. Les lunettes connectées s’adressent à des communautés complémentaires. Créateurs de contenu, sportifs, voyageurs, professionnels en mobilité. Les campagnes pourront s’appuyer sur des micro-moments de vie plutôt que sur une démonstration technologique. L’IA générative peut accélérer les itérations créatives, mais la validation humaine gardera la main pour rester aligné sur les codes du style et de la confidentialité propres au luxe contemporain.
Un marché en phase de décollage
La prise de participation de Meta a fait réagir la Bourse et relancé l’intérêt des analystes pour les wearables de vision augmentée. L’idée n’est plus seulement d’expérimenter. Il s’agit de préparer un produit de volume, capable de s’inscrire dans les usages quotidiens, avec des marges soutenues et des cycles de renouvellement lisibles. Cette dynamique pourrait stimuler l’ensemble du secteur, pousser les concurrents à clarifier leur feuille de route et accélérer la standardisation de certaines briques techniques, de la connectivité aux commandes vocales.
Les points à surveiller pour une adoption massive
Quatre chantiers décideront du passage à l’échelle.
Confort et style. La promesse doit rester celle d’une vraie paire de lunettes. Poids maîtrisé, centre de gravité juste, matériaux premium, large choix de silhouettes.
Vie privée. L’usage d’une caméra sur le visage impose des garde-fous visibles et des réglages clairs. Témoins lumineux, contrôle des enregistrements, effacement simple, cryptage.
Qualité optique. Montages correcteurs, traitements anti-reflet, transitions et solaires de qualité. C’est ici qu’EssilorLuxottica excelle.
Écosystème logiciel. L’intelligence artificielle doit rester utile et discrète. Réponses concises, contexte compris, mode hors ligne partiel quand la connectivité est fragile.
Conséquences pour la concurrence
Les géants de la tech travaillent aussi sur des smart glasses. L’avantage actuel de Meta tient à l’itération rapide, au socle industriel d’EssilorLuxottica et à un message orienté style de vie. La pression va pousser chacun à trouver son terrain. Verre affichant des informations minimales, audio augmenté, capteurs de santé, filtres de confidentialité, intégration plus fine avec smartphone et montre. Plus que la surenchère, c’est l’élégance d’usage qui fera la différence.
Pour le client final, un parcours réinventé
L’intérêt d’une distribution adossée à des réseaux optiques est décisif. Essayage, prise de mesures, conseil morphologique, service d’ajustage, remplacement de verres si ordonnance. Les lunettes connectées basculent ainsi dans un univers de service après-vente mature, loin de la simple vente en ligne. À terme, on peut imaginer des assurances casse adaptées, des mises à jour logicielles en boutique, des offres de personnalisation de montures et d’étuis premium pour inscrire l’objet dans un rituel de mode autant que de technologie.
L’essentiel à retenir
L’entrée de Meta au capital d’EssilorLuxottica ancre une vision. Des lunettes connectées qui conjuguent design désirables, excellence optique et intelligence artificielle utile. Le mouvement consolide une avance produit et logistique, tout en posant les bases d’un marché de masse qui respecte les codes du style. Les douze prochains mois seront déterminants. Si les prochaines versions améliorent autonomie, confort et confidentialité, la catégorie peut franchir un cap et s’installer durablement dans nos usages
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