La joaillerie propulse Richemont au premier trimestre clos le 30 juin 2025
Le premier trimestre clos le 30 juin 2025 confirme la force tranquille de Richemont dans la haute joaillerie. Porté par Cartier et Van Cleef & Arpels, le groupe signe une progression solide malgré un contexte mondial contrasté. Les ventes atteignent environ 5,4 milliards d’euros, en hausse de 6 pour cent à taux de change constants et de 3 pour cent en données publiées. La division Jewellery Maisons progresse de 11 pour cent à taux constants et reste l’axe majeur de création de valeur.
Contexte du marché du luxe et appétit pour les pièces iconiques
Depuis quatre ans, la demande se déplace vers les icônes patrimoniales, les créations sur commande et la haute joaillerie événementielle. Dans ce cycle, la capacité à raconter la matière, l’origine des pierres et le geste de l’artisan fait la différence. Les chiffres trimestriels de Richemont valident cette lecture: la joaillerie amortit les ralentissements ponctuels de segments plus cycliques et installe une trajectoire d’autant plus robuste qu’elle est nourrie par des événements exclusifs et des lancements calibrés.
Les résultats clés: un mix gagnant et une exécution disciplinée
Le trimestre ressort en croissance de 6 pour cent à taux constants. Les Jewellery Maisons atteignent environ 3,9 milliards d’euros, en hausse de 11 pour cent, quand les Specialist Watchmakers reculent de 7 pour cent à taux constants et la catégorie Other recule de 1 pour cent. Le retail pèse 69 pour cent des ventes et progresse de 6 pour cent, preuve que l’expérience en boutique reste le cœur battant du modèle. Online retail et wholesale progressent également de 6 pour cent à taux constants, avec une dynamique pilotée par la joaillerie.
Cartographie géographique: Amériques en tête, Europe solide, Asie contrastée
La lecture par région est nette. Amériques et Moyen-Orient Afrique affichent chacune +17 pour cent à taux constants, Europe progresse de 11 pour cent, Asie-Pacifique est stable, Japon recule de 15 pour cent sur une base de comparaison très élevée. Dans un environnement où la normalisation de la demande pèse encore sur certaines places asiatiques, la vigueur des clients locaux en Amérique du Nord et en Europe nourrit la traction des Maisons joaillières.
Cartier et Van Cleef & Arpels: locomotives créatives et commerciales
Le leadership créatif de Cartier et de Van Cleef & Arpels s’exprime sur deux terrains complémentaires: la puissance des collections signatures et l’attractivité de la haute joaillerie. Le trimestre a été soutenu par des événements de haut vol en Europe qui ont dopé la demande locale et touristique. Cette stratégie d’animation maîtrisée, alliée à une distribution sélective, entretient la désirabilité tout en protégeant la valeur.
Personnalisation, durabilité, digital: trois leviers qui renforcent la désirabilité
L’arbitrage des clients haut de gamme privilégie les pièces à forte charge émotionnelle et à valeur durable. La personnalisation sur rendez-vous, la traçabilité des gemmes et l’éditorialisation des savoir-faire dans les salons privés deviennent des standards. Sur le digital, Richemont accélère les usages utiles: prise de rendez-vous en ligne, services d’e-commerce et d’essayage assisté, suivi de commandes fluide, tout en gardant le cœur de la relation en boutique. Cette hybridation retail et online soutient la croissance sans diluer l’expérience.
Une exécution retail premium qui fait la différence
Avec 69 pour cent des ventes réalisées en retail, l’hospitalité en boutique demeure déterminante. Le trimestre illustre la force du modèle: animations joaillières, cabines de présentation, pédagogie matière, réglages et services de maintenance. La montée en gamme de l’hospitalité crée de la préférence et alimente le réachat dans les Amériques et en Europe, où l’effet réseau et la qualité de service soutiennent la fréquentation, même hors pics touristiques.
Ce que disent les canaux et catégories sur l’orientation du marché
Le recul des Specialist Watchmakers et la légère baisse de Fashion and Accessories rappellent l’exigence du cycle sur les segments plus sensibles aux arbitrages de consommation. À l’inverse, la joaillerie s’impose comme refuge esthétique et patrimonial. Cette polarisation devrait se prolonger tant que l’environnement macro reste hétérogène, avec des hausses possibles de prix pilotées finement selon le cours des métaux précieux et les parités de devises.
Perspectives: continuité créative, discipline d’offre et sélectivité par marché
Les signaux demeurent favorables pour la joaillerie au second semestre calendaire. Côté géographies, la priorité reste la sélectivité: accélérer là où la demande locale est profonde, calibrer les allocations dans les zones encore en normalisation, maintenir la discipline d’offre pour protéger l’équité de marque. Côté produit, la combinaison d’icônes intemporelles et de haute joaillerie événementielle devrait continuer de soutenir les marges et la croissance organique. Les investisseurs saluent cette résilience et la domination du segment joaillier, malgré une dynamique plus heurtée sur l’horlogerie spécialisée.
Ce qu’il faut retenir pour l’écosystème du luxe
Le trimestre valide trois enseignements. Un, la joaillerie reste le moteur structurel de Richemont, capable d’absorber les aléas régionaux. Deux, la valeur se crée dans l’exécution retail et dans l’édition d’événements qui donnent du sens et du temps aux pièces. Trois, la lecture fine des marchés est devenue clé: Amérique du Nord et Europe portent, Asie se rééquilibre, Japon normalise. Dans ce paysage, Richemont apparaît bien positionné pour convertir la désirabilité en performance durable
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