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Sous la direction de Pierpaolo Piccioli, Balenciaga ouvre un chapitre attendu avec une collection Été 2026 qui remet au centre de la scène le mythique gazar. Ce tissu sculptural, signature des années Cristóbal, retrouve une place d’honneur grâce à un travail patient sur la matière et la coupe.
L’ambition est claire : conjuguer héritage et innovation pour une haute couture contemporaine, sensorielle et responsable.
Le néo-gazar, matière manifeste
Plutôt que de rejouer l’archive, Piccioli imagine un néo-gazar. La fibre est retravaillée pour gagner en souplesse sans perdre sa tenue, avec une main sèche qui permet des volumes nets autour du buste et des hanches. Le néo-gazar devient un manifeste d’innovation textile, pensé pour dialoguer avec la lumière et garder la mémoire du geste.
On retrouve la précision architecturale chère à la Maison, adoucie par une fluidité nouvelle qui accompagne la démarche plutôt que de la contraindre.
Un geste artisanal revendiqué
Dans un paysage dominé par la cadence industrielle, Piccioli réinstalle le savoir-faire artisanal au cœur du processus. Les ateliers travaillent à main levée sur toiles et demi-toiles, corrigent l’angle d’une épaule, la cambrure d’un dos, la courbe d’un revers.
Chaque couture a une raison d’être. Les finitions internes, presque invisibles, témoignent d’une obsession de la ligne.
Cette exigence confère aux pièces une présence particulière, ce supplément d’âme que l’on associe aux maisons qui pensent le vêtement sur le corps, et non à côté.
Silhouettes structurées, allure libre
La collection met le volume au service de la silhouette. Robes cloches effleurant le mollet, jupes tulipe, vestes carapaces qui se posent comme une seconde peau, capes courtes qui ouvrent l’épaule. Le gazAR conserve sa vocation sculpturale mais s’assouplit au mouvement. Les proportions jouent l’ellipse et la retenue.
Piccioli aime contraster une ampleur contrôlée avec un point d’équilibre plus fuselé, souvent marqué par une taille fine ou un col dégagé. Le résultat est clair et lisible, d’une féminité affirmée sans outrance.
Une palette exigeante et des textures vivantes
La palette de couleurs marie des neutres lumineux avec des accents plus vifs. L’ivoire et le grège soulignent la construction, le bleu encre, le vert jadéite et un rubis légèrement assourdi orchestrent des moments de tension visuelle.
Les textures varient pour capter la lumière différemment : néo-gazar légèrement moiré, organza densifié, satin lavé au tombé liquide, ottoman au grain fin. Les doublures contrastées apparaissent à la marche, comme un clin d’œil aux premiers ateliers de la rue George V.
L’héritage regardé dans le présent
Les archives de Balenciaga nourrissent l’ensemble, mais l’exercice n’a rien de muséal. Les volumes iconiques sont cités avec respect puis déplacés. Une robe baby doll devient une tunique courte portée sur un pantalon droit, une cape boule s’allège et s’ouvre, un tailleur cocon gagne un cran de mobilité grâce au néo-gazar.
Le vocabulaire de la maison est là, traduit pour une femme qui vit vite, voyage, et veut que son vêtement lui rende service du matin au soir.
Durabilité et innovation, sans compromis esthétique
La modernité de Piccioli s’exprime aussi dans la fabrication. La recherche se concentre sur des fibres à moindre impact et des filatures certifiées. Le néo-gazar est développé avec des partenaires capables d’assurer traçabilité et sobriété hydrique. Les chutes sont réintégrées à des accessoires ou à des éléments de broderie.
Cette approche de durabilité ne sacrifie jamais la ligne. Elle sert la beauté du vêtement en lui offrant une cohérence éthique devenue indispensable aux maisons de luxe.
Des pièces signatures pour l’Été 2026
Plusieurs silhouettes s’imposent déjà comme des signatures de cette collection Été 2026. On retient une robe colonne à godets intérieurs qui s’ouvrent en éventails discrets, un manteau trapèze au tombé parfaitement vertical, une jupe corolle cousue en panneaux pour un mouvement circulaire pur, une micro-cape qui allège un tailleur en néo-gazar.
Les accessoires suivent l’esprit d’épure : soulier à bout fin, minaudière semi-rigide, boucle d’oreille unique qui trace une ligne claire près du visage.
Le corps au centre, la coupe comme langage
Piccioli place le corps au centre, fidèle à l’idée que la coupe est un langage. Les pinces se déplacent, les emmanchures descendent d’un demi-centimètre, les encolures s’écartent pour libérer la nuque. Ce travail millimétré, invisible pour qui regarde vite, change tout à l’essayage. La cliente sent que le vêtement a été pensé pour elle.
C’est là que la haute couture rencontre la vie réelle, là que l’héritage devient utile.
Un message de modernité tranquille
Au-delà de la beauté des pièces, la collection porte un message. Celui d’une modernité tranquille, confiante, qui n’a pas besoin d’effets spectaculaires pour prouver sa pertinence. Pierpaolo Piccioli revendique une élégance claire, une relation apaisée au temps, une mode qui dure parce qu’elle est juste.
Ce discours résonne avec une génération de clientes qui cherchent des vêtements précis, capables d’inscrire leurs journées dans une continuité harmonieuse.
Balenciaga écrit son nouveau tempo
Avec cette entrée remarquée, Balenciaga trouve un nouveau tempo. Le néo-gazar sert de fil conducteur pour reconnecter la maison à son architecture fondatrice tout en l’ouvrant à une contemporanéité exigeante. On y lit l’autorité du dessin, la douceur du mouvement, l’intelligence du choix matière.
Si la collection annonce une chose, c’est qu’un futur désirable s’écrit lorsque l’innovation textile, le savoir-faire et la durabilité avancent ensemble, au service d’une silhouette que l’on n’oublie pas.
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